Perquisitions chez des hébergeurs/hébergeuses

Des familles (4) d’hébergeurs de migrants de la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés perquisitionnés ce dimanche.  Quatre familles – membres de la plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés – qui hébergent des migrants ont été la cible de perquisitions de police ce dimanche 7 octobre entre 7h et 9h du matin.Choqués par la violence qu’a choisi de légitimer le parquet à l’encontre des hébergeurs et scandalisés par ce qui semble être une volonté claire de criminaliser la solidarité, les membres de la plateforme se sont réunis hier dans l’urgence.

Faits
1) À Nandrin en Province de Liege, le logement familial de F. 51 ans, mère de 2 enfants, a été perquisitionné alors qu’elle se rendait sur son lieu de travail accompagnée de sa fille. Ces dernières qui avaient été rappelées à leur domicile par leur invité, alarmé par les tentatives d’intrusion de la police, ont été laissées libres alors que leur hébergé était emmené vers Bruxelles où il a été privé de liberté.
2) A Saint-Gilles, l’hébergeuse M. âgée de 46 ans, dont la porte a été facturée, a été malmenée et projetée au sol lors de la perquisition. Choquée et victime d’un malaise, elle a été emmenée à l’hôpital où elle a reçu une convocation à se rendre à la police judiciaire fédérale dans les prochains jours. Ses 3 invités ont été privés de liberté. Un des 3 hébergés a été libéré dans la soirée de dimanche.
3) À Watermael-Boitsfort, la perquisition, très impressionnante par sa violence selon les premiers témoins, a conduit à la privation de liberté de l’hébergeuse, D. 54 ans – mère de deux enfants – et de ses 7 invités. L’un d’entre eux a finalement été remis en liberté dans les heures qui ont suivi l’opération de police.
4) D. 45 ans, habitante de Saint-Gilles, a été emmenée vers les locaux de la police judiciaire où elle a été privée de liberté. Selon les informations en notre possession, elle n’hébergeait personne la nuit précédant son interpellation.

Visites domiciliaires déguisées ?
Sur les 4 opérations menées, 2 ne semblaient viser que les hébergés mais ont pourtant été menées sous couvert de perquisitions adressées aux hébergeurs.
En effet, F. de Nandrin et M. de Saint-Gilles n’ont pas été privées de liberté. Au-delà de ce que l’enquête révèlera, il est important de noter que les mandats de perquisitions ont été délivrés afin d’interpeller des personnes en situation irrégulière chez des particuliers.
Perquisitions rondement menées puisque des portes et des serrures ont été forcées dans le cadre de ces opérations choc intervenues à l’aube, un dimanche matin.
Nos premières informations laissent penser que les mandats ont été obtenus sur base de numéros de téléphone qui auraient été donnés par les hébergeuses à leurs hébergés.
Néanmoins, ces numéros de téléphones appartenant aux hébergeurs, il est curieux que ceux-ci n’aient, dans 2 cas sur 4, pas été inquiétés et que seuls leurs hébergés aient été privés de liberté.
Il semble donc que le parquet ait trouvé une parade au projet de loi dit des visites domiciliaires et qu’aujourd’hui, toute famille belge qui aura fourni à son invité une carte SIM afin qu’il puisse rester en contact avec son hôte ou sa famille et les contacter en cas de danger puisse devenir la cible potentielle d’une opération de police traumatisante.

Deux hébergeuses ont été privées de liberté mais nous ne savons, pour l’heure, toujours pas ce qui leur est reproché.


De la répression et de la criminalisation de la solidarité ?
La violence de ces opérations de police inquiète la Plateforme Citoyenne qui s’interroge sérieusement sur le bien-fondé de ces opérations et sur la proportionnalité des opérations menées.
Des ménages belges ont été ciblés comme s’ils étaient devenus les repères de narcotrafiquants. Portes et serrures forcées, plaquages au sol, mandats d’amené, citoyens menottés.
Si la lutte contre le trafic d’êtres humains est indéniablement nécessaire, nous ne comprenons pas que des hébergeurs puissent de la sorte être traités comme des criminels pour avoir été solidaires envers un public plus souvent victime de traite d’êtres humains que coupable de trafic d’êtres humains.
Nous ne comprenons pas non plus les priorités de la Justice belge. Pour quoi s’entêter à criminaliser et pourchasser les victimes de trafic d’êtres humains lorsque nous sommes quotidiennement témoins d’agissements liés à la traite des êtres humains à Bruxelles (proxénétisme, pédophilie, exploitation ouvrière).

Suite et poursuites
Choqués par la violence qu’a choisi de légitimer le parquet à l’encontre des hébergeurs et scandalisés par ce qui semble être une volonté claire de criminaliser la solidarité, les membres de la plateforme se sont réunis hier dans l’urgence.
Dans un premier temps, ils ont fait le nécessaire afin que tant les hébergés que les hébergeurs soient rapidement mis en contact avec un avocat.
Le cabinet d’avocats Progress Lawyers Network assurera la défense des hébergés alors que le cabinet du Quartier des libertés assurera celui des hébergeurs.
Il a été convenu que des actions soient rapidement menées afin de dénoncer cette nouvelle tentative de criminalisation de la solidarité.


 
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