Lettre ouverte des bénévoles de la Sister’s House aux élu.e.s bruxellois.e.s

Bruxelles, le 26 février 2020

[APPEL À SIGNATURES CLÔTURÉ]

(Update 01-03-2020 – 10h30 – 8111 signatures !)

Cher.e.s. co-signataires,
L’appel à signatures a été clôturé ce vendredi 28 février à 16h juste avant l’envoi. En 3 jours, ce ne sont pas moins de 7904 personnes qui ont choisi de rejoindre les bénévoles de la Sister’s House dans l’expression de leurs inquiétudes au sujet de la prise en charge des femmes migrantes sans abri à Bruxelles. La lettre ouverte a été envoyée aux collèges des 19 communes ainsi qu’au Ministre Alain Maron et au Ministre-Président Rudi Vervoort. Nous ne manquerons pas de vous informer des suites qui seront données par ces derniers.
8111 x merci, de la part de toute l’équipe de la Sister’s House et plus largement de l’ensemble des membres solidaires de la Plateforme Citoyenne.

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À l’attention du Ministre-Président du gouvernement de la Région Bruxelles-capitale,

À l’attention du Ministre de l’Action Sociale du gouvernement de la Région Bruxelles-capitale,

À l’attention de nos élu.e.s bruxellois.e.s (Communes et Région),

 

Concerne : Fermeture de la Sister’s House : urgence humanitaire à Bruxelles

 

Cher Monsieur, Chère Madame,

Dans quelques jours à peine, les 26 places disponibles pour les femmes migrantes sans abri à la Sister’s House fermeront ! Au-delà de ces 26 femmes, ce sont également les 38 (en moyenne) femmes (supplémentaires) hébergées quotidiennement à partir de la Sister’s House vers d’autres lieux, comme les familles solidaires, qui seront impactées. Je crains donc que nous nous retrouvions rapidement devant 70 à 100 femmes à la rue lorsque ce lieu fermera.

Vous l’avez sans doute vu dans la presse, la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés a en effet annoncé la fermeture fin février 2020 de la Sister’s House, hébergement collectif par et pour les femmes, qui permet d’accueillir chaque soir dans l’urgence les femmes migrantes sans abri présentes au Parc Maximilien, à Bruxelles. La convention d’occupation précaire qui permet la mise à disposition actuelle arrive à échéance.

Je me permets donc de vous écrire pour vous faire part de cette urgence humanitaire, en plein cœur de Bruxelles, capitale de l’Union Européenne et vous demander des solutions concrètes, type bâtiment d’une capacité de 100 places, équipé de douches et sanitaires et accessible en transports en commun.

Je suis une citoyenne, impliquée comme bénévole dans ce projet collectif. Par cet engagement, je suis une témoin privilégiée des innombrables violences vécues par ces femmes, dans le pays d’origine comme sur l’ensemble du trajet qu’elles parcourent, avant et en Belgique. Je suis témoin de leur extrême vulnérabilité en même temps que de leur résilience. Je suis actrice, avec 140 autres citoyennes, de l’énergie collective qui permet depuis novembre 2018 d’assurer tous les soirs, dans l’urgence et sans moyens, l’accueil et l’accompagnement des plus de 465 femmes qui sont passées par la Sister’s House depuis son ouverture. Je suis actrice de cet espace bienveillant, où chacune d’entre nous répond à la défaillance de nos institutions démocratiquement élues. À la seule force de nos convictions, nous n’avons cessé depuis 15 mois de rebondir, de faire évoluer, de créer des solutions pour assurer un accueil digne et humain à ces femmes, nos sœurs, nos amies. Madame/Monsieur, que se passera-t-il si ce lieu cesse d’exister ?

Je vous interpelle aujourd’hui pour que mes inquiétudes, largement partagées, trouvent un écho favorable. Comment porterez-vous mes préoccupations auprès des instances politiques en charge de la lutte contre le sans-abrisme, l’action sociale, l’égalité des chances ? Comment vous engagerez-vous concrètement dans la prise en charge des femmes migrantes sans abri ? Comment défendrez-vous l’impérieuse nécessité d’une politique d’accueil à l’image de celle que nous avons pas à pas construite à la Sister’s House ?

Je me félicite que la Belgique ait ratifié la Convention d’Istanbul, instrument de lutte contre les violences à l’égard des femmes, qui invite les États à avoir une attention particulière à la situation des femmes qui migrent. Je suis également de celles et ceux qui se sont réjoui.e.s à la lecture de la Déclaration de politique générale de la Région bruxelloise de juillet 2019, promettant de “répondre concrètement à la situation spécifique des femmes migrantes isolées ou accompagnées de mineurs” et de mettre “rapidement un espace d’accueil à disposition afin de leur permettre, avec leurs enfants, d’échapper aux difficultés particulières qu’elles rencontrent”.

J’en appelle donc au sens des responsabilités qui vous incombent et au respect des droits humains fondamentaux pour qu’une solution à la hauteur des besoins se dégage avant l’échéance qui approche dangereusement.

Prendrez-vous contact avec la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés (hebergement@bxlrefugees.be) pour proposer un bâtiment de votre commune, capable d’accueillir une centaine de femmes, équipé de sanitaires et de cuisines, accessible en transports en commun, et perpétuer ce que nous avons construit depuis plus d’un an ?

Vous remerciant pour l’attention que vous aurez bien voulu m’accorder, je reste dans l’attente, Madame/Monsieur, de vous lire rapidement.  Veuillez agréer mes sentiments les plus distingués.

Pour la Sister’s House,
Les citoyennes bénévoles
Pellizzari Antonella, Stenzel Clara, Brahmia Nadia, Bosquet Ariane, Hanbali Halima, Rousée Véronique, Giuliani Federica, Van winckel Maite, de Bie Stéphanie, Devyver Béatrice, Marais Elisabeth, Herinckx Sylvie, Rutamu Blandine, Marais Elisabeth, Feguy Farah, Van Gastel Caroline, Pierrard Laure, Lecocq Françoise, Scherrer Jenny, Rousseaux Morgane, Scharll Maurine, Severs Clémentine, Perez Danielle, André Isabelle, Mondo Emilie, Lejeune Régine, Apers Jennifer, Andrzejewski Elora-Jeanne, De Bruyn Claudine, Benouaich Kim, De Wolf Alexandra, Defraigne Pascale, de Bie Johanne, Chardon Claire, Gideon Naomi, Wauters Laura, Rodriguez Portero Josefa, Lanssens An, Dimet Juliette, Bortoluzzi Vanessa, Hontalva Clara, Lerch Gabrielle, Pinat Elisa, Frenay Caroline, Ayadi Ghania, Cognée Marina, Dubacq Céline, Dachy Adèle, Bontridder Noémi, Masai Paule et toutes les autres

[APPEL À SIGNATURES CLÔTURÉ]