Déni d’accueil des demandeur·euses d’asile : l’heure de la responsabilité politique a sonné !

Communiqué de presse – 17 février 2023


Déni d’accueil des demandeur·euses d’asile : l’heure de la responsabilité politique a sonné !


Alors que nous le demandions depuis des mois, l’évacuation des personnes du squat de la rue des Palais a pris fin ce 15 février, en collaboration avec différents niveaux de pouvoir et l’implication d’organisations humanitaires. Ce qui devait être une bonne nouvelle pour les occupants a tourné au chaos.

Après de longues heures d’attente, certains d’entre eux ont été pris en charge. Mais quelque 200 personnes sont restées sur le carreau et se retrouvent à la rue, devant le Petit-Château, centre d’arrivée de Fedasil. Elles ont dormi sous tentes la nuit passée, aidées par des associations et des citoyen·nes solidaires. Nous avons appris que ces personnes, bien qu’étant demandeuses d’asile ne sont pas prioritaires pour être accueillies par Fedasil, un comble ! Les autorités n’ont donc pas tenu leurs engagements. Encore une fois. Une fois de trop.

Parmi les demandeurs d’asile évacués, une centaine ont été conduits par la Région bruxelloise dans un hôtel à Ruisbroek, provoquant la colère du bourgmestre de cette commune qui déclare n’avoir pas été averti. La secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration dénonce cette situation, répétant que les hôtels ne sont pas une solution. Il s’agit pourtant d’une mise à l’abri de personnes en besoin de protection, voire d’assistance à personnes en danger : c’est les laisser à la rue qui n’est pas une solution !

Cette situation indigne est clairement de la responsabilité de Madame de Moor et du gouvernement fédéral dans son ensemble. La situation au Palais des droits n’est que le sommet de l’iceberg. Depuis plus d’un an, des demandeur·euses d’asile se voient refuser l’accueil par Fedasil, alors que fournir un hébergement est une obligation légale internationale qui incombe à l’État belge. Nos organisations tirent la sonnette d’alarme inlassablement depuis octobre 2021. En septembre 2022, nous avons proposé au Premier Ministre une feuille de route avec des mesures concrètes de sortie de « crise ».

Nous en sommes convaincu·es : des solutions existent ! Par exemple, la mise à l’abri d’urgence dans des hôtels, mais aussi l’activation d’un plan de répartition obligatoire des demandeur·euses d’asile au sein des 581 communes du pays. Y répartir les 3.000 personnes qui sont « sur liste d’attente » reviendrait pour chaque commune à accueillir cinq demandeur·euses d’asile… Au vu de l’urgence d’un point de vue humanitaire, nous avons aussi demandé d’enclencher la phase fédérale de crise nationale, pour que le personnel de la Défense et de la Protection civile puisse mettre en place des abris d’urgence temporaires. Jusqu’ici, nos propositions ont été dédaignées.

L’inaction politique n’a fait qu’aggraver la situation au fil des mois. Malgré les milliers de décisions de justice rendues par le Tribunal du travail et le millier de mesures provisoires ordonnées par la Cour européenne des droits de l’Homme. Chaque jour, des demandeurs d’asile, essentiellement des hommes, s’entendent dire qu’aucune place d’accueil n’est disponible pour eux. Ils sont livrés à eux-mêmes, passant parfois plus de quatre mois dans la rue, dans un squat, ou sous tente, avant d’obtenir une place d’accueil… qu’ils ne peuvent espérer obtenir qu’après avoir introduit un recours en justice.

Cette crise humanitaire est indigne d’un pays comme la Belgique. La situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui n’est pas due à un nombre trop élevé de demandeur·euses d’asile, mais à un manque de volonté politique de trouver des solutions. Ou à la volonté politique de ne pas en trouver.

 

Il est plus que temps que le gouvernement fédéral assume les responsabilités qui sont les siennes, dépasse les blocages politiques et active d’urgence les solutions qui lui fera enfin respecter ses obligations.


Signataires

  • CIRÉ
  • Médecins du Monde
  • Médecins sans Frontières
  • Plateforme Citoyenne – BELRefugees
  • Vluchtelingenwerk Vlaanderen

Contact presse :

Mehdi Kassou, Plateforme Citoyenne – BELRefugees : 0472 44 47 26