✊🏽 JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES. (Article & Agenda)

✊🏽 JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES. (Article & Agenda)

La Sister’s House, centre d’hébergement pour femmes migrantes en errance en Belgique, témoigne des nombreuses violences faites aux femmes qu’elle rencontre dans le cadre de ses activités et vous invite au rassemblement qui se déroulera ce dimanche 28 novembre au Mont des Arts à Bruxelles (info au bas de cet article).

Depuis 3 ans maintenant, la Sister’s House se veut un espace sécurisant, loin de toutes violences.

Des violences pourtant nombreuses. Violences de la rue, violence de la précarité. Violences du parcours migratoire au féminin, violence des politiques européennes et belges qui enferment, déshumanisent. Violence des politiques qui se veulent « contrôler les frontières » sans comprendre que plus les murs seront hauts, plus les risques pris pour le droit à une vie meilleure seront élevés.

En filigrane de toutes ces violences, les violences de genre.

 

Mutilations génitales féminines, mariages forcés, domination de genre et autres s’ajoutent aux violences qui poussent à quitter son chez-soi.

Marchandisation des corps pour passer les frontières, esclavage sexuel, viols, grossesses non désirées s’accumulent sur le parcours, souvent par la Libye, la Méditerranée ou les barbelés à l’Est avant d’arriver jusqu’ici.

On se convainc ensuite que c’est la fin des violences. Non : c’en sont d’autres. À nos politiques inhumaines en matière d’asile et de migration viennent se greffer d’autres violences de genre.

Les passages frontières intra-européens restent le théâtre des violences sexuelles : quelques centaines d’euros lorsque l’on est un homme, quelques euros à peine lorsque l’on est une femme. Et le reste.

S’enchaînent les conséquences. Le besoin, en étant femmes et sans papiers, de trouver un lieu sûr où dormir. Où se laver. Sans craindre d’aller aux toilettes la nuit, parce qu’on ne sait jamais sur qui on va tomber. Qu’on nous bien a mise en garde.

Avoir accès aux soins. Des soins adaptés au fait d’être une femme. Qui tiennent compte de ce parcours, des traumas, de la crainte d’être touchée, violentée, encore. De la douleur, quand uriner prend des heures mais que l’accès aux sanitaires n’est pas safe au mieux, pas acquis souvent. D’avoir
le droit d’être enceinte, mais pas toujours heureuse. D’avorter. De comprendre ses droits, d’avoir réellement le droit de dire « my body my choice ». Y compris sans avoir de papier. Y compris en parlant tigrinya, amharique, espagnol, somali, arabe, français, et autres.

 

Avoir le droit de connaître ses droits. Savoir que ces violences sont reconnues. Mais que non, elles ne donnent pas toujours le droit à être protégée : avec logique et cynisme, si on a été excisée, on ne risque pas de l’être encore, alors à quoi bon ?

Ajouter à la violence du règlement Dublin III le fait qu’être enceinte, ce n’est pas une raison pour ne pas être renvoyée dans le pays d’entrée dans l’UE. Et ce jusqu’à 32 semaines.

 

Pour les nombreuses citoyennes qui se mobilisent et font en sorte que la Sister’s House existe, il faut voir ces violences, les deviner, les soutenir, comme on peut. Agir dans l’invisibilité, continuer à assurer un travail du care. S’entendre dire qu’on le fait parce que c’est dans notre « nature de femme » et nier fermement notre acharnement, notre détermination, notre pragmatisme collectif, parce que « ce serait dans nos gènes ».

Vivre tout cela, depuis des années. Accueillir, accompagner, informer, écouter, se révolter, agir, se tromper, recommencer, encore et ensemble.

Et encaisser. Encaisser les violences de genre qui sont aussi institutionnelles. Avoir son vécu de résidente ou de bénévole à la Sisters House, de survivantes à ces innombrables violences. Et prendre en pleine face que la non-mixité est un nouvel apartheid. Le lire ou le vivre, dépendant des espaces, des enjeux.

Justifier, argumenter, passer au-dessus, ne pas se décourager contre ces violences de genre là aussi. Comprendre qu’elles font partie d’un ensemble, qu’elles sont système.

Croire fermement que tout système se change. Participer au changement, collectivement – parce que c’est la seule solution.

Et manifester toutes ensemble pour le rappeler. Crier contre toutes ces violences, visibles ou non. C’est dimanche que l’on exulte et c’est tous les jours que l’on se bat. Mobilisons-nous.

Le départ de la Manifestation de ce dimanche se fera à partir du Mont des Arts. Rejoignez-nous, ce dimanche à 12h pour un départ à 13h. Le point de rassemblement pour les personnes qui souhaitent marcher sous la bannière de la Sister’s House  peuvent nous rejoindre devant le « Relay », Carré de l’Europe 2 à 1000 Bruxelles (Gare Centrale).